Loin d’opposer ses deux activités de mathématicien et de sculpteur, André Delessert les a menées de front, privilégiant deux niveaux: celui de l’outil, de la manipulation technique (association de symboles en mathématiques par exemple) et celui de la pensée, de l’intuition, d’une perception intellectuelle intransmissible. Comme mathématicien, il distingue les mathématiques faites et que l’on peut enseigner, et celles qui sont à faire, qui demandent imagination, recueillement et solitude. Comme sculpteur, une œuvre est réussie à ses yeux quand elle déploie autour d’elle un espace tendu qui prolonge son harmonie. Son modèle exclusif: le corps féminin, union de la force et de la fluidité. Ancien recteur de l’Université de Lausanne, André Delessert insiste sur la nécessité absolue, pour notre société, de préserver un espace où l’on peut penser en personne libre, loin des pressions extérieures. En pessimiste modéré, comme il se définit lui-même, il déplore que peu à peu, cet espace soit détruit.

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