En 1977, la TSR veut célébrer le centenaire de la naissance de Ramuz. Mais, incroyable lacune, il n’existe aucun document cinématographique de l’illustre écrivain. Le journaliste Michel Bory a alors l’idée de réaliser des portraits filmés de personnalités de Suisse romande et de créer ainsi une mémoire vivante de notre époque. Le concept est simple pour réduire les coûts : tournage en noir/blanc et sans reprise. Michel Bory s’approche des cinéastes Nag Ansorge et Jean Mayerat : le premier film Plans-Fixes, tourné le 19 décembre 1977, est consacré à Constantin Regamey, compositeur et orientaliste; il bénéficie de soutien financier de la Fondation Semper Fidelis.
Sur cette lancée, d’autres films sont réalisés : Georges Simenon, Philippe Jaccottet, Jenny Humbert-Droz, Marie Métrailler. Des personnes influentes s’intéressent à la démarche : le journaliste et éditeur Bertil Galland et le Syndic d’Yverdon-les-Bains Pierre Duvoisin. Formellement, l’Association Films Plans-Fixes est fondée le 12 octobre 1979 à Yverdon-les-Bains. Bertil Galland en est le premier président. Sous l’impulsion de son syndic, la ville soutient activement l’association; elle dispose d’un siège permanent au sein du comité.
Dès 1984, Jean Mayerat prend la présidence de l’Association. Le développement de la collection atteint alors un rythme de croisière. La prise de vue est principalement confiée à Olivier Frei et à Jean Mayerat, tandis que Nag Ansorge assure la prise de son et le montage. Fin des années quatre-vingt, une nouvelle équipe de réalisation se constitue : Willy Rohrbach, chef opérateur et cinéaste et Pierre-André Luthy, ingénieur du son.
En 1995, Jean Mayerat souhaite se retirer de la production pour ne conserver que la présidence. Un nouveau poste est créé : secrétaire général(e). Michelle Deschenaux devient ainsi la cheville ouvrière de l’entreprise. En 1998, le pionnier Jean Mayerat quitte le comité; Catherine Seylaz-Dubuis prend la présidence. Passage de témoin délicat car il s’agit d’assurer la pérennité de la démarche après les membres fondateurs. En 2002, Janine Massard, écrivaine, assume la direction de l’association.
Le 30ème anniversaire de la collection est célébré en 2007. Toujours fidèles au concept initial, deux films sont projetés en première mondiale au Festival Visions du Réel à Nyon; des émissions de radio et de nombreux articles dans la presse portent un éclairage neuf sur une collection unique en son genre dans le monde francophone. Le travail de l’Association Films Plans-Fixes est désormais largement connu et reconnu.
En 2009, avec le Plans-Fixes consacré à la sociologue Françoise Messant-Laurent, la collection s’enrichit de son 250e film. En 2020, le cap des 350 est atteint ! Présidé par Jean-Marc Boerlin, après Roselyne Grob, Brigitte Steudler, Olivier Pavillon, Philippe Maillard et Jean Tschopp, le comité veille au maintien du concept élaboré par les pionniers. Le choix des personnalités s’élargit de la Suisse romande, à la Suisse entière. L’équipe de réalisation se renouvelle avec notamment Gilles Vuissoz, Bastien Genoux pour l’image et Gilles Abravanel, Théo Viroton, Bruce Wuilloud pour le son. Alexandre Mejenski est actuellement le secrétaire général et le délégué de production de Plans-Fixes. Désormais par choix – il faut vivre avec son temps – ou par nécessité – la disparition de la pellicule 16mm noir/blanc de Kodak – on tourne en numérique. La Cinémathèque suisse continue cependant d’offrir à l’Association Films Plans-Fixes la possibilité de conserver ses « originaux » numériques dans le Centre d’archivage à Penthaz.